[Résumé SEMAINE 20 : 07/10 - 13/10 – 3782 KMS]
- Canouf
- 14 oct. 2019
- 10 min de lecture
La Roque Gageac - Lacave - Bouziès-bas - Cahors -
Saint Paul d'Espis - Agen - Astaffort - Terraube (301Km)

Lundi 7 octobre
Nouvelle semaine qui débute en Dordogne à la frontière du Lot ! Nous décidons de partir vers 15h et Mouf en profite pour aller faire quelques courses. Problème : elle achète 10 fois trop de provisions mettant à rude épreuves les compétences en Tétris de Cano.
On dit au revoir à Maggy et Jean-Pierre qui nous ont accueillis comme des rois pendant ces trois jours et on file vers Montfort dont le château nous surprend au détour d’un virage bordés d’arbres.
Le château ne se visite pas car la propriété d’un homme d’affaire saoudien. Qu’à cela ne tienne on le survole en drone afin d’immortaliser le moment.

La suite du chemin se fait lentement car nous nous arrêtons tous les 50m pour une vue, un château, une colline… la Dordogne nous dit au revoir de la plus belle des manières et le Lot nous accueille royalement avec le château de Lacave perché sur son piton rocheux.
Nous nous installons dans un champ de noyers en contrebas d’une départementale. Tout se passe pour le mieux jusqu’à ce que nous soyons réveillés par un bruit. Comme si quelqu’un avait glissé de la route et était tombé au-dessous. On comprend très vite qu’il s’agit d’un animal, on pense d’abord à un chien en entendant des bruits de pattes mais très vite on entend une sorte d’aboiement qui n’en est pas un... et puis... GRUIIIIIK.
OH PETARD c’est un sanglier. Calme et sérénité absolue dans la tente. La bonne nuit qui s’annonce.
Mardi 8 octobre
Finalement, nous devions sentir trop fort pour le sanglier car nous ne l'avons plus entendu de la nuit. Nous nous mettons en selle pour atteindre Lacave connue pour ses grottes et son château. Une bonne grosse montée nous met en jambe et nous offre une vue imprenable sur la vallée… encore plus imprenable avec le drone.

L’arrivée à Rocamadour se fait non sans difficultés mais... qu’est-ce que c’est beau ! On est largement récompensés par ce que l’on voit. On croise un panneau « dégustation gratuite de produits régionaux », forcément on y rentre. Ne nous jugez pas, on sait que vous faîtes la même chose au marché pour piquer des petits morceaux à droite à gauche !
Le commerçant, curieux en voyant nos petits gants et nos cyclistes, nous pose quelques questions sur notre projet et, avec un accent à travers lequel on peut entendre les collines chanter, nous conseille d’aller à Saint Cirq Lapopie. Nous, on a la bouche pleine de pain d’épice, de gâteaux aux noix et de noix enrobées de chocolat mais on écoute avec attention.

En sortant on regarde : « bon ça fait un peu plus de 20 bornes de détour mais ça va on a toute la journée pour faire Rocamadour – Saint Cirq – Cahors… ça va le faire ! ». Que nous fûmes ambitieux ! La suite allait nous le dire.

On visite d’abord Rocamadour. La cité est presque vide… quel pied ! On s’arrête dans la rue commerçante pour prendre des Rocamadour – eh! on n’a pas grimpé tout ça pour rien! – et un saucisson. Le déjeuner de franchouillards est en approche !
Bon il faut quand même avaler quelques kilomètres de montées pour en profiter. Entre-temps, conscients de leur funeste sort, les Rocamadour ont entamé une procédure d’évasion de leur boîte. Nous ne leur laissons pas le temps de couler : midi approchant, nous les mangeons au soleil.
Ça nous aide clairement pour la suite puisqu’on enchaîne sur 50KM avec une majorité de montée. Enfin, c’est l’impression que l’on a car les descentes à 18% sont avalées en 1min et à 40Km/h suivies de 20mn d’efforts en moulinette continue pour grimper au sommet suivant.
Un ratio assez frustrant qui met le mental à l’épreuve et qui fait passer nos t-shirts de blanc nuage à blanc cassé.
On décide de faire une pause à La bastide – murat. Si la ville porte ce nom c’est qu’elle y a vu naître un fils d’aubergiste qui est devenu maréchal d’Empire à la tête de la cavalerie de Napoléon raflant, au passage, un titre de roi de Naples.
Une petite sieste entamée sur la place centrale est interrompue par un immense HI HAAAAAAN. La ville est située sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle et voit régulièrement passer des personnes qui font le pèlerinage à l’ancienne avec leur baudet. L’avantage c’est que Trotro semble plus docile que le sanglier de l’autre nuit.

On prend notre courage à 2 mains pour repartir. Et rebelotte : le compteur s'affole dans les descentes et un peu moins dans le dénivelé positif.
Il faut se rendre à l’évidence : on ne sera pas à Cahors pour le soir, ni même à Saint-Cirq. Tant pis, on trouve une petite étable le long du fleuve et on passe une nuit entrecoupée de légères averses.

Mercredi 9 octobre
Lever de camp sous la brume. Nous commençons à longer le Lot puis le traversons pour croiser un panneau : « vélo ralentir l’allure, priorité aux piétons ». L’allure est d’office ralentie par le chemin qui est difficilement praticable pour nos vélos.

On roule donc doucement sous une falaise creusée en faisant attention de ne pas prendre de nids de poules nous ramenant aux sombres heures des crevaisons. Une fois cette épreuve, nous ne détectons pas de casse sur nos vélos. Ouf.
On ne peut malheureusement pas en dire autant du portable de Thibaut qui a rendu l’âme sous les chocs répétés.
Nous pleurons la mort de ce fidèle compagnon à chaude larme et sommes consolés par notre arrivée à Saint-Cirq Lapopie. Alors nous on trouve le nom très marrant donc dès que nous voyions un panneau Saint-Cirq, nous criions allègrement « Saint-Cirq Lapopiiiie » et on vous encourage à faire de même.
Bref, quand on est à vélo, le village se mérite ! Une bonne côte nous accueille mais nous la passons et pouvons admirer la Vallée du Lot.

Une pluie fine commence à tomber lorsque nous attachons nos vélos. « Pas grave on va aller se réfugier dans un café et voilà ». Oui sauf qu’on est en octobre donc les cafés ça ouvre à 10h et encore, pour ceux qui n’ont pas encore fermés. On se rend compte que la ville nous appartient : personne dans les rues !
On parle quand même du village préféré des français en 2012 qui accueille des milliers de touristes chaque année… ça a du bon de partir hors saison ! On en profite donc pour faire un tour dans les rues, sur le piton rocheux qui surplombe la vallée puis allons nous poser dans un restaurant qui a ouvert entre-temps.
Comme on vous disait dans un précédent carnet de bord : on fait un restaurant de temps en temps donc on fait rarement dans la dentelle et on se fait plaisir. Celui-ci a obtenu diverses médailles pour ses produits à base de canard et comme on ne mange presque plus de viande… on se lâche ! On goûte également le vin de Cahors « quand vous buvez un Cahors c’est que vous passez à table. C’est charpenté vous allez voir » nous dit la patronne.
Durant le repas on se rend compte que l’on est cernés par des allemands. Ça s’apostrophe entre les tables « vous venez d’où, vous allez où ? » (Tout ça dans la langue de Goethe hein). Mouf profite du fait que sa voisine envoie son verre au tapis pour engager la conversation avec ses restes de LV2.
Les teutons sont super intéressés par ce qu’on fait et ils s’abonnent même à la page… le déclic s’internationalise !
En plein déjeuner, on reçoit un message d’un warmshower : « pas de soucis pour vous accueillir à Cahors ce soir ». JOIE !
On repart donc plein de motivation et faisons les 25KM qui nous séparent de Cahors en un rien de temps. En effet : la route longe les crêtes puis redescend dans la vallée du Lot. A cela s’ajoute un ciel nuageux où perce le soleil… fracture de la rétine !

A notre arrivée à Cahors, Philippe, notre warmshower, nous appelle, voici quelques extraits de l’appel : « Allo Conssetance ? » «nong’ nong’ vous ramenez rieng’ ! Pas de paing’. Le paing’ c’est nous qui le faisong' » « Par contre allez voir le pong’ Valentré sureuh le Lot » Ah que c’est bon d’être dans le sud ! C'est là qu'on a inventé la lettre "G" non ?
Et comme Mouf est une vraie éponge d’accents ça fait vraiment plaisir qu’elle absorbe celui-ci plutôt que celui de Tourcoing.
Cependant elle a traduit « le pong’ Valentré » par « le pont à l’entrée ». Comme Cahors est entourée de ponts… ça fait beaucoup d’entrées.

On en croise un, puis deux... bon, ce sont des ponts "normaux" hein. Heureusement on croise le « Pont Valentrée » et on comprend ce que Philippe a voulu nous dire. Plutôt joli, non? On met le cap vers chez nos hôtes qui nous accueillent royalement. Ils nous mettent très vite à l'aise et commence une soirée à base de pain, saucisse, gratin dauphinois FAITS MAISON (oui oui, la saucisse aussi).
On aborde leur voyage en pino - c’est un tandem avec l’un des passagers assis à l’arrière et l’autre semi allongé à l’avant - autour de l'île de Cuba. Passez jeter un œil sur la page où ils racontent leurs périples.
On se régale, on échange nos anecdotes à vélo, on parle de tout et de rien et une fois de plus nous prenons du recul sur cette soirée : ces gens que nous ne connaissions pas il y a 3 heures ressemblent à des amis de longue date. Et ça, c'est génial.
On se couche une fois de plus tard, et nous nous endormons dans un lit double matelas couette (ce genre de petits plaisirs)

Jeudi 10 octobre
Nous partons de chez Eve et Philippe peu avant midi et roulons une bonne heure et demie. La faim ne se fait pas ressentir car le pain de Philippe tient au corps.
L’après-midi défile aussi vite que les kilomètres. Vu que le terrain est plat ou légèrement descendant et avec un petit vent de dos, on mange l’étape de presque 70Km en un rien de temps et trouvons à nous poser dans une sorte de prairie à côté de Valence d’Agen.
Vendredi 11 octobre
Départ pour Valence d’Agen par 8 degrés. Il n’a jamais fait aussi froid un matin. Clairement nous manquons de gants et il va falloir résoudre ce problème rapidement pour les mois de novembre et décembre.
On suit le canal et les 28Km qui nous séparent du chef-lieu du lot et Garonne sont rapidement parcourus. Nous débarquons sur le pont canal d’Agen.

[POINT PONT CANAL] : il n’en existe que deux en France – à Briare (sur la Loire) et Agen – et tout est dans le nom : il s’agit d’un pont dans lequel il y a un canal. A Agen le canal est perpendiculaire à la Garonne.
Thibaut passe chez un réparateur de téléphone « le forfait vitre avant + arrière c’est presque 200€ ». Ok donc le prix d’achat de son téléphone reconditionné. Dans cet instant douloureux Mouf déclare : « je t’avais dit le protéger en même temps ». Tant pis on va s’en passer quelque temps et aviser. On parle bien du téléphone, pas de Mouf.
Nous visitons le centre-ville d’Agen et nous posons dans une médiathèque pour écrire. Les médiathèques c’est vraiment notre bon plan pour être tranquilles, avoir accès à une prise et rester longtemps au même endroit sans avoir à débourser quelques sous en bières et cafés.
Nous arrivons chez Laurène, une amie d’école, vers 17h et passons la fin de journée chez elle.
[POINT MACHINE] : quand quelqu’un vous propose de faire une machine vous dites oui et vous faîtes la machine tout de suite. Pas après 2h de discussion et quand il n’y a plus de quoi la faire sécher dehors...

Samedi 12 octobre
C'est donc les sacoches pleines de fringues humides que nous quittons Laurène à 9h30. Tant pis ça séchera au fur et à mesure de la route. En plus nous sommes chanceux car le vent se lève en ce samedi. Problème : il est de face. Donc les vêtements sont secs en 5mn mais les jambes chauffent.
Nous avons rendez-vous avec Philippe Cabrel, vigneron en bio. Juste avant d’arriver on papote sur quelques mètres à vélo avec à un homme – ce détail a son importance.
Nous restons avec Philippe une bonne heure. C’est assez court mais il sort des vendanges donc on peut dire qu’il a pas mal de boulot ! Philippe est vigneron et son frère, Francis, est propriétaire des lieux. Ensemble ils produisent un vin bio depuis le début.

Philippe apprend tout sur le tas car il n’était pas vigneron mais pour lui, il était clair dès le début qu’il était hors de question d’utiliser des pesticides. On vous en parlera plus longuement sur instagram !
Sur le départ on croise la voiture qui faisait des allers/retours pendant l’interview. La vitre se baisse, c’est Francis Cabrel. « Alors vous faîteuh le tour du pays ? ». On papote 2 minutes puis on le laisse partir. Mouf a un sourire figé et les yeux dans le vague pendant 10 minutes. #Franciiiiis
On va faire des courses, on déjeune devant le supermarché on poste un carnet de bord puis apparaît une dame. « Ma manière de vous aborder va vous apparaître un peu brutale mais vous avez croisé un vieux monsieur tout à l’heure non ? Je suis avec lui au téléphone vous avez illuminé sa matinée, ça lui ferait plaisir de vous inviter prendre un café chez lui. Il peut passer vous chercher si vous ne faîtes rien ». On papote avec elle un bon quart d’heure puis apparaît Baptiste sur son vélo.
Il nous amène dans sa maison et nous passons la fin de journée, le dîner, la soirée chez lui. On discute de sa vie, de son arrivée en France depuis l’Italie, de ce mouvement de société qui monte pour faire bouger les lignes et produire mieux, consommer mieux… encore une fois une belle rencontre !

Dimanche 13 octobre
Nous quittons Baptiste en fin de matinée. Il nous conseille un chemin en nous disant « là il y a peu de voitures et c’est plat ». S’il a raison sur le premier point, on se fait quand même rosser par une bonne montée qui nous permet d’avoir une vue panoramique sur le Gers.

On en profite pour déjeuner et droner avant de reprendre la route direction Lectoure qui surplombe la vallée. Cette dernière est le lieu de naissance de Lannes… après être passé dans la commune de Murat nous continuons notre bingo des maréchaux napoléoniens. Plus que 16 pour cocher toutes les cases.
On remonte ensuite sur nos selles pour faire une dizaine de bornes et nous arrêter le long d’un champ en face de Terraube. Au passage on a droit à un magnifique coucher de soleil… on ne se lasse pas, même après cinq mois !
Fin de semaine, la prochaine est synonyme de notre arrivée dans la ville rose où nous allons rester presque deux semaines !
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Sinon on vous fera faire la route Rocamadour - Saint-Cirq-Lapopie en monocycle.
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